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Vent d'Ouest, les rencontres, le mouvement
4 février 2015

LES VOEUX DU POINT ROUGE. CLEGUEREC LE 31 01 2015

Intervention de Daniel Kerjean (progressiste, ancien conseil régional de Bretagne) lors des vœux du «point rouge» à la «Maison du peuple», rue du Paradis à Cléguérec (56) le 31/1/2015.

Chers amis,

J’espère que vous ne me tiendrez pas un grief trop violent d’interrompre le cliquetis nourrissant du couteau et de la fourchette pour le remplacer par quelques propos de saison.

D’abord pour vous remercier d’être venus une fois encore jusqu’en Paradis afin de partager le «fricot» local comme on dit parfois et démarrer l’année dans un climat d’amitié et  d’engagement citoyen.

En première urgence, mes  vœux donc à tous : je vous souhaite un bon cru 2015 dans tous les domaines qui vous sont chers. (Je ne pensais évidemment pas que l’année commencerait sous les signaux à la fois violents et contradictoires que nous avons connus).

D’un côté bien sûr, les horreurs sans nom de Charlie hebdo et du magasin Cacher qui ont envahi l’actualité pour nous rappeler que nous sommes très loin d’être sortis de l’obscurantisme du moyen âge et des horreurs imputables aux déviances du fanatisme religieux et ceci nous confirme que l’homme,  ne change pas vraiment et qu’il est capable de revenir à l’état sauvage dès que les circonstances sont réunies.

Le retour cyclique des guerres, des génocides, est là pour nous le rappeler. J’en profite pour saluer le devoir de mémoire qui a incité le monde politique et les médias à raviver il y a quelques jours le souvenir collectif en honorant le 70e  anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz.

D’autre part, la seule consolation (quoique la formule soit impropre) que nous ayons eue après les crimes innommables de Charlie hebdo, c’est le rassemblement et le défilé dans les rues de millions de personnes en espérant que cette unité apparente ne soit pas le terreau de nouvelles flambées de racisme.

L’autre évènement est bien sûr d’une nature et d’une signification toute différente et porteuse d’espoir, voire d’allégresse pour tous les démocrates, comme l’a été en son temps la renaissance de la fierté nationale au Venezuela, en Bolivie et ailleurs quand la réaction populaire a fini par soulever le couvercle oppressant du couvercle de plomb du capitalisme de l'impérialisme américain. Il s’agit bien sûr de la victoire électorale en Grèce du parti Syriza et de son leader Alexis Tsipras face aux tenants de l’autorité extrême. Cette victoire réjouit évidemment tous les militants qui jugent en Europe que l’austérité cultivée entre autres par Angela Merkel se traduit de manière catastrophique en laminant le pouvoir d’achat des plus défavorisés et en continuant à creuser le gouffre entre la minorité ultra riche et les citoyens les plus pauvres.

Mais on sait bien aussi que Tsipras se heurte d’ores et déjà à tous ceux qui sont traditionnellement arc-boutés dans la défense aveugle et sans concessions de leurs privilèges et qui n’aiment pas du tout, c’est le moins que l’on puisse dire, les analyses de Yanis Varoufakis, ministre grec des finances, qui n’a cessé de fustiger la « dette odieuse» et de dire que la rigueur budgétaire et les réformes dictées à l’Europe par l’Allemagne et la troïka, ont été un transfert cynique des dettes des systèmes financiers et étatiques sur les épaules des populations  les plus faibles.

J’applaudis personnellement à ces analyses et je souhaite une belle réussite à ce nouveau gouvernement en imaginant bien sûr qu’elle déteigne en positif sur tout le mouvement contestataire, politique, social et culturel en Europe et bien sûr chez nous dans l’hexagone. Je suis d’autant plus sensible à cette révolution grecque que je sais bien que les grands décideurs mondiaux dont nous dépendons tous dans ce monde dit «libre» (avec une bonne dose de cynisme) ne sont pas près, loin s’en faut, à se convertir à un commencement de début de justice sociale et écologique.

Au contraire, toute leur attention se porte sur l’entretien d’une angoisse latente devant un système qui serait à la merci d’un cumul de crises sociales, budgétaires, environnementales, avec en désordre les problèmes de l’eau, du chômage massif, de la maladie et la mal vie galopantes, de la faim qui peuvent provoquer l’écroulement du système mondial.

Seul, un mouvement unitaire et déterminé peut inverser les choses en agissant notamment sur des fiscalités progressives favorables au travail et dissuasives vis-à-vis de la spéculation. la mise en place d’un crédit public pour le développement humain et écologique, la lutte contre l’évasion fiscale, l’incitation à des projets de coopération entre les peuples à la place de la concurrence acharnée ou encore des appropriations publiques contre l’accaparement privé des richesses du monde, peuvent ouvrir une nouvelle voie pour l’humanité.

C’est dans ce contexte général que s’est ouverte l’année 2015 chez nous, dans un climat de morosité bien éloigné, faut-il le reconnaître, des espoirs nés en 2012 après  les 17 années de régime de droite Chirac- Sarkozy. Sans vouloir en rajouter, force est de reconnaître qu’on n’a pas vu une différence flagrante dans la gestion des affaires ni noté de vrai sujet de satisfaction chez les petites gens qui pourtant devraient prioritairement profiter d’une gestion des affaires qualifiée de gauche.

Il n’est pas étonnant dans ce contexte que les côtes de popularité de nos dirigeants se soient effondrées même si une embellie s’est dessinée ces derniers temps. Pas étonnant non plus les résultats aux dernières municipales. Pas plus enthousiasmantes les perspectives des prochains scrutins départementaux fin mars et régionaux de la fin de l’année! Il faut bien  dire que la conjugaison des tripatouillages de la géographie des nouveaux cantons et d’un mode de scrutin plutôt opaque à cette heure, ne facilitent pas les choses. Les  déceptions accumulées à différents niveaux depuis 2012 ont d’autre part dopé la tendance traditionnelle à l’abstention, nourrie par ce sinistre «tous pourris» de plus en plus répété.

Cette situation a une conséquence tragique : la montée en puissance du Front National dont une des   préoccupations est de camoufler son nationalisme, son racisme, et de faire oublier son passé sinistre durant la dernière guerre et aussi celle d’Algérie.

C’est dans ce contexte plutôt angoissant pour les vrais démocrates que la campagne électorale va s’engager.

Nous ne sommes pas là ce soir pour un premier épisode de la campagne des élections départementales et régionales comme l’a inventé  un certain journal, mais le minimum est quand même de saluer la présence ce soir parmi nous de plusieurs personnalités dont mon ami Daniel Gilles, Vice-président du conseil régional, Serge Moelo, Christian Derrien et Ghislaine Langlet, conseillers généraux sortants et bon nombre de maires et élus de Cléguérec, Guémené, Séglien, Saint Aignan, Langoélan, Baud etc……

Je serais évidemment hypocrite si je jurais ne pas savoir pour qui je voterai fin mars mais le sujet du jour dépasse ces petites confidences…

Pour moi, l’objectif prioritaire au mois de mars, c’est de tout faire dans toutes les situations où il existe une petite chance, aussi menue soit-elle, de faire gagner des candidats de progrès, pour que tous les progressistes potentiels sans exception aillent voter dès le premier tour pour faire barrage aux équipes de droite et d’extrême droite et fassent qu’au deuxième tour il ne manque pas une seule voix aux candidats progressistes encore en lice.

Elire des conseillers départementaux de gauche n’a rien d’anodin et surtout dans nos zones rurales trop souvent traitées par la majorité de droite en place par le mépris ou par l’oubli… au bénéfice des zones côtières et urbaines. Un exemple criant :  l’ indifférence qui a présidé à la réalisation du chantier de la déviation nord de Pontivy, déviation pourtant reconnue vitale pour les communes riveraines dont les nôtres et qu’on attend toujours !

Mais il y a aussi à un niveau général de bonnes raisons de lutter pied à pied contre la droite, raisons qui me stimulent personnellement quand les sirènes poisseuses de la fatalité ont tendance à me bercer: c’est d’abord le constat que la belle formule qui a cours dans le monde dit libre depuis l’homme des cavernes qui veut que les affaires de la civilisation soient gérées au nom d’une concurrence «libre et non faussée». Cette formule est le carburant universel qui nourrit toutes les monstruosités et qui débouchent à ce jour sur ce constat qu’un pour cent de la population possède autant de biens que les autres milliards d’individus qui peuplent la planète! Que penser des tenants du libéralisme intégral qui regardent sans sourciller les grands yeux innocents de ces dizaines de millions d’enfants qui vont sans doute mourir de faim et de maladie dans les mois qui viennent, à travers le monde.

Je dis, quant à moi, qu’il ne survit là-dessous aucune trace d’humanité et que ces gens qui font la pluie et le beau temps sur la planète devraient être jugés indignes de quelque humanité ou responsabilité ou représentativité que ce soit.

En ce qui me concerne, cette analyse, qui me semble de bon sens, mais qui dans les milieux d’en haut doit être jugée d’un simplisme caricatural et vomitif, est la matière première qui nourrit mon engagement politique et social depuis plus de 50 ans et continuera de le faire jusqu’au souffle ultime. Car oublier que si on est là, c’est qu’on est né un jour quelque part sur le globe riche et blanc ou jaune ou noir et misérable, c’est oublier que chacun d’entre nous est le pur produit d’un hasard génétique et géographique, c’est oublier que nous devrions être foncièrement égaux devant la vie et j’avoue que je porterais bien, avec des millions et des millions de gens dans le monde des grandes banderoles où serait écrit à l’instar du tristement présent «nous sommes tous Charlie», quelque chose comme: «nous sommes tous ce petit enfant aux grands yeux qui ne verra pas 2016 à cause de notre indifférence et de notre inhumanité».

Merci de votre attention et à nouveau bonne année à tous et bon appétit pour la suite immédiate des évènements, ici en Paradis !

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